

L’origine du nom de Bords est encore actuellement incertaine, mais nous pouvons cependant y voir l’existence d’un ancien regroupement d’habitations à l’origine de la toponymie du lieu.
En effet ce dernier pourrait tirer son origine du celte bord qui signifie maison, habitation. Bord a donné en français borderie (petite exploitation agricole).
L’origine de Bords pourrait également être attribuée à bhereg 1 de l’indo-européen qui signifie colline, tumulus. Par déformation, on le retrouve dans l’allemand berg ou burg et en français dans bourgade et bourg (en ancien breton buurdais ou buurgais signifiait citoyens, habitants d’un bourg 2).
Selon René-Primevère Lesson, le nom de Bord est saxon et signifie maison, hospice 3.
Nous pouvons trouver une explication dans le mot d’ancien français bourde4, signifiant frontière que l’on retrouve dans l’anglais border.
En 1259 est ratifié entre le roi Louis IX de France et Henri III d’Angleterre le traité de Paris qui met fin au conflit qui dure depuis plus de cent ans (entre les Capétiens et les Plantagenêt).
Louis IX rétrocède à Henri III la suzeraineté sur un certain nombre de territoires dont la Saintonge au sud de la Charente. La Charente devient donc une frontière (bourde, border) entre les terres des Capétiens et celles des Plantagenêt.
Extrait du traité de Paris (1259)
De rechief, après le décès le conte de Poitiers, li rois de France ou ses hoirs rois de France donra à nous et à noz hoirs la terre que li cuens de Poitiers tant ores en Xantonge outre la rivière de la Charente en fiés et en demaines qui soient outre la Charente, s’elle li eschaoit ou à ses hoirs et se elle ne li eschaoit il porchaceroit en bone manière ou autrement que nous ou noz hoirs l’aions, ou il nous feroit avenable eschange à l’esgart de prodes homes qui seront nomez d’une part et d’autre.
Une autre hypothèse également plausible est que le nom de Bords viendrait du gaulois bour qui signifie eau ou du celte bor qui signifie eau bourbeuse 5.
En effet, la Boutonne y rejoint la Charente pour y former une zone marécageuse.
Nous retrouvons la toponymie de Bords mentionnée dans les sources sous diverses formes : Bords, Bord, Bors, Borre, Bore.
Voir Les cartes mentionnant Bords
Voir cet extrait des Mémoires sur la langue celtique, Volume 2 par Jean-Baptiste Bullet 6
Bor Di Gala, vivier, réservoir de poisson fait avec des planches; Bord, planches; Cal, en composition Gai, clôture , réservoir.
Bord, table. Board, Burd, en Anglois, table; Bord, table, planche en Runique; Bord en ancien Saxon, planche; Baurd en Gothique, table, planche.
Bor, habitation. On voit encore par Bord, Borg, Borh, Bors, que Bor a signifié habitation, habiter. Par la substitution réciproque de l’M & du B, on a dit Mor comme Bor, & par conséquent Mord à Morg, Morh, Mors; de là Moror, Latin. Boer, habitation en Runique.
Bord, bord, bordure. De là Bord en François; Bord en Espagnol; Boord en Flamand; Bort en Allemand ; Bord en Theuton & en ancien Saxon, bord; Border en Anglois, bord, extrémité; Faur, bord en Gothique; Bourdes en vieux François, frontières.
Bord, navire, vaisseau. On dit encore en notre langue, prendre sur son bord, pour prendre sur son navire.
Bord a signifié maison en Celtique; j’en juge ainsi parce que Bordell, qui signifie en Breton un lieu infâme, désigne à la lettre petite maison, parce que les filles de mauvaise vie se logeoient dans de petites maisons. Le diminutif s’étant conservé dans le Breton , montre que le primitif y a été en usage; Borda, maison de campagne, métairie en Basque; Bordo en Languedocien, maison; Borii, métairie; Borde, Bourde, maison en vieux François; Boire en Auvergnac , métairie; Bordely en Hongrois, lieu infâme; Boer en Islandois, habitation, métairie.
Borra, creux où l’eau séjourne. Botra, Borro en Italien, étang, mare; de Bour, eau.
1. [En savoir plus sur bhereg. Lien]↩
2. [LOYS de BOCHAT, Charles Guillaume. Mémoires critiques pour servir d’Eclaircissemens sur divers points de l’Histoire ancienne de la Suisse. 1747-1749. Lien sur Google Books]↩
3. [LESSON, René-Primevère. Histoire, archéologie et légendes des marches de la Saintonge. H. LOUSTAU, 1845. Lien sur Google Books]↩
4. [Voir définition de Borne. MENAGE, Gilles (1613-1692). Dictionnaire etymologique de la langue françoise. Lien sur Gallica]↩
5. [COURT DE GEBELIN, Antoine (1725-1784). Dictionnaire étymologique de la langue grecque. 1782. Lien sur Google Books]↩
6. [BULLET, Jean-Baptiste. Mémoires sur la langue celtique, Volume 2. 1782. Lien sur Gallica]↩
Installée sur la route de Saint-Savinien (après le village de Charron à environ 4 km du centre de Bords) la Laiterie coopérative de Bords (Laiterie Coopérative des Chaumes) est créée en 1893 par M Aubin, propriétaire agriculteur à Champdolent, assisté d’une cinquantaine de sociétaires dont il est nommé président. La laiterie industrielle de la coopérative de Bords a été ensuite rebâtie
en 1926 (date portée sur le fronton du bâtiment). En 1949, elle fait partie des 18 plus importantes laiteries du département avec plus de 3 millions de litres de lait traités par an. Une très importante porcherie y était annexée. L’activité a cessé dans les années 1960.
Bâtiment des logements et de la beurrerie de plan en U, à un étage carré, couvert d’un toit à croupes en tuile mécanique. Caséinerie couverte d’un toit à lanterneau. La porcherie est constituée de huit longs bâtiments contigus, présentant leur façade principale en pignon. Trois logements d’ouvriers sont en pierre de taille, en rez-de-chaussée et comble à surcroît, avec un toit en tuile mécanique. Deux autres, sont conçus sur le même type, mais en moellon de calcaire enduit. La cheminée d’usine circulaire en brique a été dérasée.
Malheureusement, en décembre 2015, les appels reçus au centre départemental de traitement des alertes signalent un incendie d’un bâtiment d’environ 500 m² composé de 4 logements et d’un hangar, au lieu-dit Les Chaumes, sur la commune de Bords. La coopérative laitière est en flamme et est en grande partie détruite.
Très ancien domaine saintongeois, la seigneurie de Champfleury (ou de Champfleuri) est attestée dès le XVème siècle. Pierre Gombaud, mort avant 1500, époux de Marie de Toutessans, dame de Champdolent est dit seigneur des Briaigne, de Javrezac, de Champfleuri.
La famille Gombaud (ou Gombault) possédera cette terre jusqu’au début du XVIIIème siècle où elle passe par mariage à la famille de Culant (branche de Ciré), vieille famille noble originaire de Brie.
Plus tardivement, le député et général Charles-Grégoire, marquis de Beauchamps (1731-1817) est dit seigneur de Grand-Fief (Cherbonnieres), Champfleury, la Neponthiére en Saintonge, de Baimont, Varzé et la Mellé (voir sa page wikipédia ou son arbre généalogique).
La liaison entre la famille de Beauchamps et la terre de Champfleury est difficile à faire mais nous retrouvons une Marie de Beauchamps épouse de Gabriel Gombaud, seigneur de Champfleury au milieu du XVIIème siècle.
Famille de Toutessans (qui possédait la terre de Champdolent)
L’église de Bord, dédiée à Saint Vivien le Saintongeois est intéressante à étudier. Elle appartient au style roman du commencement du 11ème siècle. C’est un vaisseau dirigé de l’Est à l’Ouest suivant l’usage et qui présente, de nombreuses restaurations de l’époque ogivale (époque gothique, NDLR). La façade a été en grande partie refaite, surtout le fronton. Un énorme contrefort du 15ème siècle lui sert d’appui. A droite et à gauche est restée la colonne à demi engagée de l’époque primitive de la construction. Le portail roman est unique et présente trois voussures dont les archivoltes sont supportées par trois colonnettes à chapiteaux lisses.
La grande archivolte est encadrée d’un simple tailloir recouvert par une rangée d’étoiles chausse-trapes ou tribules. Les voussures sont nues. Une console supportée par onze modillons séparait la première assise de la deuxième. Ces modillons sont d’un roman grossier.
La nef a conservé au côté gauche une fenêtre romane et trois demi-colonnes pour contreforts, et un tailloir ou cordon couvert de frettes sculptées. La fenêtre n’a qu’une voussure encadrée d’un simple ressaut ayant deux colonnettes et des chapiteaux feuillés. Les modillons de la frise sont barbares et taillés en biseau, un seul excepté qui porte une face humaine.
L’ abside est du style roman pur. Elle est très remarquable car elle décrit une demi-ellipse percée de cinq fenêtres à plein cintre et dont les contreforts sont des groupes de demi-colonnes. Les retombées des archivoltes sont garnies d’étoiles et de quatre rangs de frettes fleuries et les chapiteaux des colonnes sont couverts de feuillages profondément fouillés dans la pierre. Les vingt-six modillons sont couverts de sculptures où les têtes hideuses dominent. Les chapiteaux des fenêtres ont un monstre sur un côté et des enroulements de feuillage sur l’autre. Ces sculptures représentent les mêmes objets, chose assez rare. Au côté droit, le cordon a deux rangées de palettes.
Le chœur a pour piliers trois demi colonnes engagées, et comme il est plus élevé que l’apside, il y a au dessus de celle-ci quatre fenêtres à pleins cintres accolées en arcature; elles sont bouchées. Le clocher est quadrilatère appuyé sur de gros contreforts de l’époque ogivale. A l’occident est percée une fenêtre à accolades du 16ème siècle. A la deuxième assise, chaque face porte deux fenêtres ogivales simulées et à la dernière, il n y a plus que deux fenêtres avec des gorgerés et ouvertes. Les quatre angles du clocher sont rabattus ou coupés en biais, et le sommet est coiffé d’un pyramidion ou petite toiture en ardoise à quatre pans.
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